NOTRE VIDOURLE
rencontres des 20 et 21 septembre 2003
Bilan moral de l'association
Un
an plus tard : Bien au-delà de ce devoir de mémoire, tant à la mode ces
derniers temps, des adhérents de LITORARIA ont souhaité marquer le coup et
apporter leur contribution à ce problème devenu bien grand au cours des dernières
décennies, avec leurs outils, leurs méthodes et leur bonne volonté. Ce
colloque est né lors d’un entretien avec la responsable de l’urbanisme
de notre commune, Anne-Marie Quatrevaux et nous sommes satisfaits
d’avoir pu mener à bien ce projet avec des gens qui ont su se lever pour œuvrer
à sa réalisation.
Nous sommes évidemment conscient que des mots n’ont jamais été une réponse technique à un problème aussi grave que celui de l’eau dans notre région ; mais c’est avec ces mots que se construisent les réflexions qui déterminent l’action.
Il
ne suffit pas de connaître le Vidourle pour s’affranchir de ses dangers, mais
cela permet au moins de ne pas accepter n’importe quel discours comme on écouterai
le sermon de ceux qui parlent à notre âme : religieux, poètes, ou les
grands orateurs de nos sociétés. BOIRE OU NE PAS BOIRE N’EST PAS UNE
QUESTION DE FOI.
Premier
thème abordé : Histoire et archéologie ou les leçons que nous donne
notre passé.
Claude
Raynaud, archéologue et chercheur au CNRS, nous a indiqué l’évolution des
rapports entre le Vidourle et les populations riveraines, présentes depuis
toujours autour du Vidourle. Comment le fleuve offrait ses richesses et comment
les hommes s’accommodaient de ses humeurs variant selon la saison, le lieux,
l’époque et les transformations que ceux-ci lui faisaient subir.
Document frappant que celui présenté par Mr Trouchaud : Depuis 1299, n’aurions nous fait aucun progrès ? N’aurions nous rien réglé ? N’aurions nous pas aggravé avec la multiplication des aménagements contemporains une situation qui perdure depuis 700 ans ?
Avec
les intervenants « de loisir », nous pourrions retenir deux
choses :
-
Autrefois, la présence humaine dans l’espace rural et sur le Vidourle était
forte : une main d’œuvre agricole importante, les troupeaux pâturant
sur les berges, les bugadières qui lavaient le linge du village… sans parler
du garde champêtre.
Aujourd’hui, pécheurs, chasseurs, promeneurs et randonneurs les ont remplacés et assurent un double rôle citoyen : assurer une présence saine ainsi qu’une activité de surveillance et d’alerte sur dépravations et autres anomalies. Encore faut-il pouvoir remonter ces observations. Il semble qu’un déficit de communication soit pointé et que des solutions soient déjà amorcées.
- L’expression d’une volonté de partager et de mettre en valeur cet
espace qu’ils aiment. De la source à la mer, il y a un potentiel énorme à
exploiter, tant culturel que sportif et il faudrait rendre à ce territoire en
cours de privatisation sa vraie valeur, celle d’un fleuve avec ses richesses
qui existe 365 jours par an et pas seulement, lorsqu’il entre dans nos
maisons. Et si cet oubli était une grande cause de nos malheurs ? Non pas
comme une vengeance, mais bien comme une négligence, comme une permission
accordée aveuglément aux aménageurs dont les intérêts sont parfois bien éloignés
des nôtres.
Révélations
terribles de Dominique Garrel, venu des haut cantons, nous expliquer les
fonctionnements traditionnels des aménagements hydrauliques en Cévennes, les
conséquences de leurs abandons et de leur ruine progressive sur le régime des
eaux tant chez eux, là haut, que chez nous, en bas. Dure réalité, mais au
moins sommes nous prévenus. A nos décideurs d’en prendre note…
Dernière
citation entendue lors de ces rencontres : Ce ne sont pas les hommes
qu’il faut dénoncer, mais les structures qui ne fonctionnent plus ou qui
fonctionnent mal. Effectivement trop de choses ont été faites pour des
objectifs aujourd’hui disparus en nous laissant les inconvénients qui ont été
acceptables et qui ne le sont plus ; effectivement, des tonnes de résultats
d’étude ont été publiées ( et financées) sans toujours avoir été utilisées;
effectivement la concurrence entre communes et départements peuvent avoir des
conséquences dramatiques ; etc, etc…
Nous
expliquions à un reporter du Monde que le succès de ce colloque ne viendrait
pas du nombre d’entrées, mais de la qualité des interventions et de
l’information recueillie et rendue disponible à qui le souhaitait. Bien
d’autres choses, parfois révélatrices, ont été dites que nous retrouverons
dans les actes du colloque. Notre travail n’est pas terminé…
Nous sommes reconnaissant aux acteurs locaux qui sont venir nourrir leur réflexion au fil des communications, notamment aux membres des associations de prévention et de protection des inondations, aux élus de la ville d’Aimargues, au personnel du syndicat interdépartemental du Vidourle. Souhaitons qu’ils aient pu forger des outils pour conforter leurs actions vitales pour notre sécurité et notre sérénité.
Ces
rencontres ont été conformes à nos espérances et nous sommes vraiment
heureux d’avoir apporté quelques connaissances à ceux qui ont fait la démarche
de venir les chercher, fier d’avoir permis à des spécialistes d’horizons
aussi divers d’échanger des informations, qui vont, n’en doutons pas, armer
leurs travaux.
Il
est peut-être bon de rappeler la devise d’Aimargues : FLUCTUAT NEC
MERGITUR en souhaitant que chacun puisse avoir les moyens d’être l’acteur
de sa sauvegarde.
Que ce bilan soit l’occasion d’un grand remerciement à ceux qui ont construit ces rencontres, aux conférenciers qui l’ont si bien nourrit et qu’il soit surtout un hommage à ceux, si nombreux, qui sont venus nous sortir du limon l’année dernière.
Olivier Callériza, pour LITORARIA