ref : MIDI LIBRE JJ-MM-2000 (article non paru)                                                                                                                                 accueil   sommaire

UN PORT DE L’EPOQUE DE LA GRECE ANTIQUE AU CAILAR

 

Dans le cadre de l’établissement de la carte archéologique du Gard, le territoire du Cailar a fait l’objet, en 1996, d’une prospection systématique, parcelle par parcelle. Cette opération, sous la responsabilité de Claude Raynaud, chercheur au CNRS au Centre Archéologique de Lattes, a permis la découverte de nouveaux sites antiques et de dresser un inventaire des traces de la vie des hommes depuis des millénaires. Claude Raynaud avait animé une conférence à la salle Lapeyran pour faire part aux Cailarens des enseignements de cette campagne de prospection. Nous y avions appris qu’un habitat datant de l’âge du Fer avait été localisé tout près du village actuel.

Ces derniers mois, une recherche minutieuse et permanente d’indices a été menée pour préciser la localisation, l’évolution et la nature de ce site. Cette action s’est révélée être une collaboration exemplaire entre la municipalité, en particulier le responsable des services techniques, et les archéologues amateurs qui assuraient un lien avec la communauté scientifique au fil des relevés et des observations. Le CNRS et les archéologues amateurs de l’atelier d’archéologie de Lunel-Viel les en remercient vivement.

 

En avril 2000, le creusement de nouveaux caveaux dans le cimetière a été l’occasion d’effectuer un sondage dans cet habitat et a motivé l’intervention d’une équipe d’archéologues dirigée par Michel PY, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l’âge du Fer. Les découvertes furent à la mesure de leur attente. Pendant deux semaines, ces scientifiques ont minutieusement étudié la stratigraphie du sol sur près d’1 m 50 de profondeur. Ils ont mis à jour des traces d’occupation (foyers, murs, seuil de porte...) et ont remonté une quantité importante de céramiques provenant de tout le bassin méditerranéen (amphores massaliètes, céramiques attiques....). Ces relevés et ce mobilier sont en cours d’étude mais d’ores et déjà ces premiers indices permettent de faire remonter l’origine de cet habitat au Ve siècle avant J-C, du temps où l’antique Marseille (Massalia) était une colonie grecque. L'abondant mobilier, la très forte proportion d’amphores ainsi que la localisation du Cailar, accessible depuis la mer jusqu’à il y a fort peu de temps, donnent lieu à penser que ce site fût un lieu d’échange entre notre région et le reste du monde méditerranéen.

Il est aujourd'hui possible de se déplacer jusqu’à Lattes, à côté de Montpellier, pour visiter une cité portuaire de cette époque, en cours de fouille depuis 20 ans, ainsi que le musée qui lui est dédié, afin de se rendre compte de ce à quoi pouvait ressembler Le Cailar il y a bien longtemps.

En attendant d’avoir plus de précisions sur ces premiers résultats, les Cailarens peuvent voyager dans le temps et retrouver, avec fierté, une part de leurs racines.

Vue d'un montant de porte d'une maison des environs de 400 avant J.-C. repérée sur le site du Cailar, remployant des blocs taillés antérieurs.